Le Venezuela et les medias:
La façon dont les principaux medias – tant écrits qu'audiovisuels – travestissent les faits ou occultent la vérité concernant les événements qui se déroulent dans ce pays depuis des années a de quoi susciter l'indignation. Comme celle de deux personnalités, l'une vénézuélienne – Luis Britto, l'un des plus grands écrivains du pays – l'autre française – Maurice Lemoine, ancien rédacteur en chef du Monde Diplomatique, le journal français le plus diffusé dans le monde - dont on pourra lire les réactions à partir de cette page. Mais ne faut-il pas s'interroger sur l'une des libertés les plus importantes en démocratie, la liberté de la presse ? Certes, il y a belle lurette qu'évoquer « l'objectivité » du Monde (ou de El Pais) déclenche l'hilarité … Mais de là à faire preuve d'une telle partialité et même, au-delà, d'un manque évident de déontologie, il y a l'énorme différence entre journalisme d'opinion et instrument de propagande. Quand, d'un côté, les medias interviennent ainsi dans la vie politique d'un pays – comme ils le reconnaissent eux-mêmes (cf. ci-dessous l'extraordinaire témoignage video à la télévision publique argentine, de Pedro Brieger, directeur de l'agence Nodal ) et de l'autre, pratiquent l'omerta en imposant dans leurs colonnes un silence quasi absolu sur les négociations secrètes du Grand Marché Transatlantique ne doit-on pas y voir un signe très inquiétant, quand le « quatrième pouvoir » est à ce point confisqué par une minorité à laquelle se soumettent servilement les journalistes, ne doit-on pas se demander si, au-delà des apparences, nos pays ne vivent déjà plus en démocratie sinon qu'en ploutocratie ? (NdlR)
Venezuela: médias et terrorisme
par Luis Britto Garcia.
L’auteur de cette étude, Luis Britto García, est un écrivain vénézuélien. Professeur universitaire, essayiste, dramaturge. Parmi une soixantaine de titres, on lui doit “Rajatabla” (Prix "Casa de las Américas" 1970) et “Abrapalabra” (Prix "Casa de las Américas" 1969).
Traduction : Jean-Marc del Percio
Chaque fois que l’on traite du thème de la liberté d’expression au Venezuela, l’on devrait obligatoirement recourir au classique paradoxe du grec menteur : « Tous les Grecs sont menteurs », proclame le sophiste, et d’enchaîner : « je suis Grec ». « Il n’y a pas de liberté d’expression au Venezuela » assénera en mentant, un commentateur. Et il l’affirmera librement dans un pays où supposément, la liberté de le dire serait inexistante.
Or, tout cela ne concerne pas un pays quelconque. Il soutient qu’il n’y a pas de liberté d’expression, dans un pays qui aura vécu en 2002, le premier coup d’Etat fondé sur le recours aux médias. Et par conséquent, en abusant de cette liberté. Ce coup d’Etat -premier du genre- a consisté à confisquer la parole au Président en exercice, et dans le même temps, à propager la fausse nouvelle de son retrait. A la toute fin de la même année 2002 et au début de celle qui suivit, tous les médias s’employèrent durant deux mois et demi à déclamer sur tous les tons -24 heures sur 24- le renversement du gouvernement légitime. En vain, cependant. Cela étant, aucun des médias ayant participé à ces activités pourtant délictueuses n’aura à connaître une fermeture administrative ; aucun de ceux-ci n’aura été poursuivi en justice.
Une thèse n’est bien bâtie qu’à partir du moment où elle se fonde sur des faits, et non pas sur des contradictions. Celui qui souhaite toucher du doigt l’absolue liberté d’expression que la société et l’Etat vénézuélien accordent aux moyens de communication de ce pays, n’a qu’à s’informer lui-même y compris sommairement, de son contenu. Ce n’est pas difficile. Il peut le faire quotidiennement, à travers -entre autres possibilités- la consultation de la page Web de la Organisation of American States. (OEA NdT) [...]
La censure existe-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Elle est le fait d’une partie des médias nationaux et internationaux qui en use pour occulter ce qui en réalité se passe dans le pays ; privant ainsi de son droit à l’information l’immense majorité silencieuse dans le monde entier. Une dictature règne-t-elle au Venezuela ? Oui, en effet. Une dictature médiatique qui prétend imposer des tyrans du style de Carmona Estanga (chef du patronat putschiste qui avec l’appui de militaires de droite déposa Chavez brièvement en 2002, NdT), ou des énormités de ce genre : ¨le Venezuela est confronté à une guerre civile." Pour quelle raison mentent-ils ? Munis d’un tel bagage éthique, ils prétendent s’imposer comme des acteurs politiques à part entière, déposer ou désigner des mandataires, s’interposer auprès d’organismes internationaux -qui s’occupent de pays qui eux, commettent des fraudes semblables- et porter des accusations contre le Venezuela. C’est le plus grave.
Le quotidien "Le Monde" et le Venezuela
par Maurice Lemoine
21 avril 2014
Venezuela : Quand « Le Monde » fait siennes les manipulations du commandant Saúl
Le journaliste Maurice Lemoine s’adresse au médiateur du Monde pour une mise au point sur le traitement partial proposé par le « quotidien de référence » à ses lecteurs au sujet de la situation politique et économique au Venezuela.
Comprendre la défaite d’un coup d’État et… des médias internationaux.
Thierry Derone
Un des objectifs de l’extrême droite était de faire "le nécessaire" pour substituer le processus d’une démocratie participative par l’image mondiale d’un État répressif. Mais alors qu’on a rempli partout les yeux de la “répression-au-Venezuela”, les 90 % des vénézuéliens se sentent étrangers à cette réalité virtuelle. Pourquoi ? Parce qu’ils vivent en paix sur la quasi-totalité du territoire. A l’Ouest et au centre de Caracas, habités par la majorité populaire, pas de violences, pas de journalistes, pas de pixels pour la voix off : “Venezuela", "révolte", "répression”.
Les medias privés contre le Venezuela
14 mars 2014 Nodal TV
Analyse de Pedro Brieger, directeur de Nodal, pour la TV Publique Argentine, sur la campagne médiatique internationale, ou comment les grands groupes de communication latino-américains reconnaissent intervenir directement dans la politique du Venezuela - en espagnol