MEXIQUE:
Un Printemps Américain?
par Oscar Ugarteche
12/11/2014
Le 17 Décembre 2011, en Tunisie, un jeune homme s'est immolé par le feu quand la police voulut le chasser du trottoir où il se tenait comme vendeur ambulant. Devant ce drame, la foule alentour tenta de l'aider puis se retourna contre les policiers. Ceci conduisit à un soulèvement populaire auquel le gouvernement répondit avec une violence extrême et la lutte continua jusqu'à ce que quatre semaines plus tard, le 14 Janvier 2012, le président dut fuir avec sa famille, abandonnant le pouvoir.
Ce fut le début du « printemps arabe » ainsi nommé qui en finit avec les dictatures arabes du Moyen Orient soutenues par les Etats-Unis.
Au Mexique tout semble s'être enflammé avec un massacre le 26 Septembre quand des étudiants d'une école normale qui se déplaçaient en autobus furent poursuivis par la police, arrêtés puis remis à un lieutenant d'une force paramilitaire liée au narcotrafic. La dénonciation de ces faits, à la mi-octobre, par le curé Solalinde rendit public le massacre.
Le maire narcotrafiquant Abarca et son épouse narcotrafiquante, du clan des Beltran Leyva, responsables du massacre furent capturés à Iztapalapa, un quartier pauvre de Mexico City le 4 Novembre. Une semaine plus tard, le père Solalinde révélait qu'ils avaient été capturés à Veracruz et transportés à des centaines de kilomètres de distance, à Iztapalapa, à Mexico City, pour « monter » la capture devant les medias (1)
Le Président « s'en alla en Chine » comme pour accroître l'anomie (chaos). Avant de partir il lança un appel incompréhensible à un accord sur la sécurité. A qui en appelait-il si la sécurité est assurée par l'Etat et si lui est le chef de l'Etat ? Le Président et sa suite prirent la direction de Pékin et de l'Australie, le 9 Novembre. Le 11 on sut que l'arrestation de Abarca et de son épouse eut lieu à Veracruz et que tout ce qui avait précédé était un montage médiatique, ajoutant plus d'essence à l'incendie.
Entre temps, le Lundi 10 parut, dans le journal télévisé de Carmen Aristegui de CNN, un reportage sur la maison neuve du couple Peña Nieto (NdT le Président) qui coûte 86 millions de pesos ou 6 millions de dollars (2). Si l'intention du scandale de la maison est de détourner l'attention, cette fois-ci il semble verser plus d'essence sur l'incendie social.
La domination des Etats-Unis
se renforce sur le Mexique
L’importance géostratégique du Mexique a pris une nouvelle dimension après les événements tragiques d’Ayotzinapa. Le pays constitue un réservoir de pétrole, de minéraux, d’eau et de ressources naturelles de première importance pour l’économie des États-Unis. Dans cette optique, il faut comprendre que les réformes structurelles actuellement entreprises par le gouvernement d’Enrique Peña Nieto visent en réalité à renfoncer la soumission du pays.
A la veille d'une visite très contestée du président mexicain, le 14 Juillet à Paris, une analyse très pertinente d'Ulises Noyola Rodriguez
Après l'évasion du "baron" de la drogue mexicain l'éditorial du 13 Juillet de "La Jornada" de Mexico
Une Evasion Impardonnable
Cet épisode permet à la société non seulement de se faire une idée de la puissance du crime organisé, mais aussi de l'indolence suprême et de la décomposition gravissime au sein des instances gouvernementales.
En termes pénaux et politiques, l'évasion de Guzmán Loera constitue un coup dévastateur à la crédibilité déjà bien entamée des institutions et de leurs plus hauts dirigeants.