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Argentine

Les "fonds vautours" contre l'Argentine

ARGENTINE

Litiges entre États et multinationales : le cas emblématique du conflit entre Suez et l’Argentine

un article d'Olivier Petitjean

de l'Observatoire des Multinationales

Vautours ou Argentine

En Argentine, les fonds vautours tenus en échec

par Mark Weisbrot,

octobre 2014

Doit-on autoriser une poignée de spéculateurs à prendre en otage quarante millions d’Argentins ? A cette question la justice américaine vient de répondre « oui », semant le trouble jusque dans les rangs des investisseurs. En fragilisant les mécanismes qui permettent aux Etats d’alléger le fardeau de la dette, cette prise de position menace de déséquilibrer l’ensemble du système financier.

Le combat qui oppose l’Argentine aux « fonds vautours », ces sociétés spécialisées dans la spéculation sur les créances douteuses, rappelle certaines séries télévisées américaines. Il en réunit tous les ingrédients : mystère, intrigues politiques, coups de théâtre et « méchants » parfaitement détestables. Parmi eux, une multitude d’anciens hauts fonctionnaires ayant enfilé leurs pantoufles de lobbyistes, qui, explique le journaliste Mark Leibovich, « s’agrippent à Washington comme des moules à leur rocher  ».

"Les fonds vautours sont une avant-garde"

Éric Toussaint*

(Interview d'Éric Toussaint par Julia Goldenberg

pour le quotidien argentin Página 12. |1|)

28/09/2014

Pouvez-vous expliquer votre opinion selon laquelle les fonds vautours sont la version extrême du capitalisme financier ?

Les fonds vautours sont l'avant-garde, suivie des bataillons, qui ont pour nom Goldman Sachs, JP Morgan, Citibank, Santander, etc. Je considère qu'il y a aussi, derrière tout cela, l'intention sournoise des États-Unis d'intervenir dans la région. La dette externe est un puissant instrument de subordination de l'Amérique latine, un instrument qui vise à obliger la région à se réengager dans des politiques néolibérales. C'est ce qui se passe actuellement en Europe, laboratoire de la nouvelle offensive des politiques néolibérales.

 

|1| Pagina12 est le principal quotidien argentin de centre-gauche. Son orientation éditoriale est favorable au gouvernement de la présidente Cristina Fernandez. Voir la version originale de cette interview parue sur une pleine page dans Pagina 12 le dimanche 28 septembre 2014 http://www.pagina12.com.ar/diario/e...

 

* économiste, Président du CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde)

 

 

Non au paiement de la dette

La Dette Extérieure et la « tromperie organisée »

par Adolfo Perez Esquivel

Prix Nobel de la Paix

2/09/2014

Quand j’étais enfant, nous faisions un ballon avec du papier journal et de vieux chiffons et nous l’enveloppions avec de la ficelle pour qu’il résiste mieux aux coups de pied. Nous nous amusions aussi à bien d’autres jeux parmi lesquels il y en avait un que nous appelions «la tromperie organisée».

 

Quand quelqu’un disait quelque chose que nous pouvions mettre en doute ou quand nous découvrions qu’il nous mentait, nous lui disions que c’était une « tromperie organisée » (car nous ne voulions pas nous faire avoir). Quand nous découvrions le mensonge, nous recevions un bonbon et, quand on ne le découvrait pas, nous devions payer un gage.

 

Pour le problème de la dette extérieure, c’est un jeu assez semblable à celui-ci auquel jouent des personnes de l’extérieur et de l’intérieur du pays que nous appelons « vautours » et où l’arbitre essaye de mettre le pays en échec et mat alors que les peuples concernés sont considérés comme de simples spectateurs.

 

Le jeu de la « tromperie organisée » n’est pas nouveau dans le monde de la finance et de la spéculation. Il s’agit de déplacer les pièces du jeu en faisant croire aux pays appauvris qu’ils sont les débiteurs des pays riches et que les peuples doivent payer cette dette extérieure et éternelle sous peine de se retrouver en défaut de paiement, de subir des embargos et toute une batterie de sanctions.

Notre gouvernement se trouve encerclé dans ce jeu de la tromperie organisée. Comme il se rend compte qu’aucun juge des Etats-Unis n’émettra un état de faillite judiciaire en faveur de l’Argentine, il ouvre le parapluie et dit comme tout le monde qu’il faut « honorer la dette souveraine ».

 

Pardonnez mon ignorance mais à quelle notion se réfèrent-ils quand ils affirment qu’il faut honorer la « dette souveraine » : Pourquoi le pays devrait-il payer en même temps ce qui est légitime et ce qui est illégitime dans cette dette sans rechercher ce qui est immoral, injuste et taché avec le sang du peuple? Pourquoi payer une dette qui a déjà été payée plusieurs fois? Qu’ont fait les gouvernements démocratiques quand ils ont cédé la souveraineté nationale à des tribunaux étrangers et que faire pour éviter ainsi cette tromperie ?...

Cela fait plus de 30 ans qu’avec des organisations sociales et des personnalités, nous proposons de faire un audit sur la dette. Il est nécessaire de nous référer à Alejandro Olmos qui a porté pour la première fois un jugement sur la dette extérieure et au Juge Ballestero qui, voici 18 ans, a envoyé sa résolution du problème au Congrès National pour qu’il recherche les dommages causés dans le pays par ce paiement. Depuis 14 ans, tout cela dort dans le sommeil des complicités et reste enfermé dans un placard du Congrès.

Interview de Renaud Vivien

Vice-Président du CADTM

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