Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement
50 ième Anniversaire
15 ième conférence Prebisch
Genève 24 Octobre 2014
RAFAEL CORREA
"Equateur: le Développement comme processus politique"
On dit que Christophe Colomb fut le premier économiste, puisque quand il partit, il ne savait pas où il allait, quand il arriva, il ne savait pas où il était mais tout fut payé par le gouvernement. En tout cas, si lui-même avait été économiste ou si un économiste l'avait ccompagné, il en aurait conclu que ce qu'aujourd'hui nous appelons l'Amérique Latine se développerait plus favorablement que l'Amérique du Nord. Si dans les deux régions les ressources naturelles abondaient, dans le Sud
il existait déjà des sociétés assez solides comme les Incas, les Mayas et les Aztèques, avec des connaissances technologiques surprenantes.
(suite colonne de droite)
C'est là une des grandes énigmes du développement. Pourquoi l'Amérique au Nord du Rio Grande s'est-elle développée et pas celle du Sud ? Les réponses sont multiples et complexes, mais sans doute l'une de ces réponses est le type d'élites qui ont dominé et qui dominent l'Amérique Latine.
Le développement est basiquement un problème politique. Le point de départ, la question clé est qui dirige une société : les élites ou les grandes majorités ? Le capital ou les êtres humains ? Le marché ou la société ?
Le tort le plus grave qui ait été fait à l'économie c'est de l'avoir détachée de sa nature originelle d'économie politique. On nous a fait croire que c'est une question technique, et sans prendre en compte les relations de pouvoir au sein des sociétés, on nous a converti en utilitaires des pouvoirs dominants. Pour paraphraser le grand économiste John Kenneth Galbraith, l'économiste qui n'analyse pas les questions de pouvoir est complètement inutile.
Prebish, en tant que professeur d'Economie Politique, le savait et disait déjà il y a 30 ans que « nous vivons dans un système d'accumulation et de distribution du revenu qui est le résultat de
rapports de forces et de relations de pouvoir et non un plan rationnel de distribution de ces ressources en fonction des besoins collectifs ».