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Après le triomphe d'Evo Morales en Bolivie (plus de 61% des voix, plus des deux tiers des députés pour son parti, le MAS), la large victoire du Frente Amplio aux élections générales en Uruguay (il obtient la majorité absolue, dès le premier tour, à l'Assemblée Nationale et au Sénat, et son candidat à l'élection présidentielle, Tabaré Vasquez, qui a obtenu plus de 47% des voix devrait être réélu en Novembre), la réélection de Dilma Rousseff comme Présidente du Brésil confirment l'attachement des peuples de ces pays d'Amérique Latine aux « changements historiques Â» (pour reprendre l'expression de Noam Chomsky – cf page Gabo-Chomsky) intervenus depuis une dizaine d'années.

 

Néanmoins la réélection de Dilma – acquise par la plus étroite des marges – n'a pas été sans difficultés. Elle suscite de nombreux commentaires. Nous avons traduit trois points de vue de publicistes et/ou universitaires très connus en Amérique Latine.

BRESIL

 

LE BRESIL DE LULA CONTINUE

 

par Emir SADER*

26/10/2014

 

Pour la quatrième fois consécutive, le Parti des Travailleurs – PT – remporte les élections présidentielles au Brésil qui, également pour la quatrième fois, se sont converties en un plébiscite entre des candidats du PT et du PSDB (Parti de la Social Démocratie Brésilienne, le parti de Fernando Henrique Cardoso). Cette fois la campagne a connu des hauts et des bas, en particulier depuis la mi-Août jusqu'au second tour, fin Octobre, et s'est achevée par la décision des brésiliens de continuer sur le chemin initié en 2003 avec le premier gouvernement de Lula.

 

Dans l'affrontement entre le modèle néolibéral de l'opposition et la voie de sortie du néolibéralisme, pour la quatrième fois, les brésiliens ont conforté la voie que Lula a commencé. Ce seront au moins 16 ans consécutifs de gouvernement du PT, la période la plus longue de continuité d'un parti au pouvoir, en période démocratique au Brésil.

 

Lula disait qu'il valait mieux gagner au second tour, parce que la confrontation de deux projets rend plus claires les alternatives et leurs différences. Et ce fut le cas : de la part du candidat de l'opposition il y eut confrontation des politiques de prépondérance du marché, de libre échange, de réduction du poids de l'Etat, de baisse des salaires, d'augmentation du chômage, de contraction des dépenses publiques, d'alliances internationales privilégiant les Etats-Unis, entre autres.

 

En face, l'orientation de continuité des politiques sociales, comme axe central du gouvernement, avec une action dynamique de l'Etat, fortifiant les alliances régionales et avec le Sud du monde, de garantie du niveau d'emploi et d'augmentation des salaires au-dessus de l'inflation.

Dilma a gagné. Nous respirons mieux, mais ...

 

par Aram Aharonian

27/10/2014

Avec le triomphe de Dilma nous respirons plus tranquillement en Amérique du Sud. Le dimanche 26 ce qui était en jeu c'était beaucoup plus que le changement ou la continuité du projet politique de son gouvernement, c'était la définition de la carte géopolitique régionale, un processus dans lequel on doit inclure aussi l'écrasante victoire électorale d'Evo Morales en Bolivie, le second tour électoral en Uruguay dans un mois, et les élections présidentielles en Argentine l'année prochaine.

Victoire à la Pyrhus et après

par Atilio Boron

27/10/2014

Victoire difficile et angoissante de Dilma dans le ballotage d'hier, la plus étroite jamais vue dans l'histoire brésilienne, comme le notent plusieurs journaux dans leurs unes. Dans le ballotage de 2006 Lula vainquit le candidat du PSDB Geraldo Alckmin par une différence de plus de 20 points, 61 à 39%. En 2010 Dilma fit fléchir José Serra, également social-démocrate, au second tour par une différence de 12 points : 58 vs 44%. Hier, elle a vaincu Aécio par une marge d'à peine 3 points : 51,6 à 48,4%. Angoissante et incertaine pas tant à cause de la faible différence par laquelle elle l'emporta sur son rival, mais à cause des 3 semaines agoniques de campagne où, par moments, le PT semblait condamné à entreprendre un humiliant retour à la modestie après douze ans de gouvernement. Et si ceci fut sur le point de se produire ce fut plus à cause de ses propres erreurs que des mérites de son très conservateur opposant.

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