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D'un petit pays "secret et enfoui" (le Honduras) voici deux belles figures:

 

Sa famille étant très pauvre, Sosa a dû commencer à travailler à l'âge de cinq ou six ans, vendant du pain dans le train qui transportait les travailleurs d'une bananeraie. Il passe sa jeunesse à travailler pour aider sa pauvre famille. Mais sa vocation poétique le poussera à tout tenter pour devenir poète. Il publie son premier livre, Los Pobres, en 1969, et en 1971, Un Mundo Para Todos Dividido, Un monde divisé pour tous. Ses deux livres lui valent une très grande reconnaissance du public latinoaméricain et même mondial. (prix Adonais d'Espagne, prix Casa de las Americas, Cuba en 1971). En 1990 la France lui a remis le titre de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres. Il devient professeur de littératures hispano-américaine et espagnole à l’Université de Cincinnati aux États-Unis. Au début des années 80, de retour au Honduras, il est persécuté, chassé de L'Université Nationale et obligé de se réfugier au Nicaragua dans les années 80.

Dans un article virulent, publié par le magazine américain The Progressive, il dénonce le coup d'Etat de 2009, dans lequel il voit l'oeuvre d'une « hydre à sept têtes » - dont les principales sont le général Romeo Vasquez (ancien de l'Ecole des Amériques), le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, l'entrepreneur et ancien président Carlos Flores Facussé (qui en est l'éminence grise), le « rat du Congrès » Micheletti, alias « Goriletti » - ainsi que le double langage des Etats-Unis (Obama dénonçant le coup militaire et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton refusant obstinément de le faire).

Mais «au-delà de cette crise causée par le coup d'Etat militaire une nouvelle conscience de classe a surgi. Son noyau est la majorité des citoyens historiquement humiliés et offensés par une élite dénationalisée composée de dix familles, trônant au sommet de la pyramide sociale où ils font exactement ce qu'ils veulent. […] Néanmoins, au milieu de cette désolation, le drapeau de l'espoir se lève. Le peuple du Honduras s'est éveillé. Sur les murs de nos villes les slogans ont changé».

Lui le poète des jours difficiles, aura en fait réalisé une oeuvre peu nombreuse, mais dense, et les titres de ses recueils sont éloquents : Les Murs, Les Pauvres, Mal intérieur, ou encore Un monde divisé pour tous. Parfois il fait de sa poésie un cri, une dénonciation de la misère et de l'oppression politique. Il se veut conscience des pauvres et de la dignité des hommes. Mais le cri ne remplace pas chez lui la poésie, il prend grand soin à la musicalité de ses vers. Sa poésie nous touche par sa limpidité cristalline. On a d’ailleurs pu le rapprocher d’Antonio Machado et de Cesar Vallejo. Comme eux, il emploie une langue de tous les jours, des images simples, mais souvent le sens de ses poèmes s’éclaire et change à la dernière image du poème. Il a dépassé le cadre de son pays « secret et enfoui », pour parler à tous, l’oppression étant universelle. Il y a un mélange de pudeur et de colère dans sa poésie. D’espoir aussi :

J'ai décidé de construire / doucement  / mortellement / Avec toutes mes chansons / Un pont sans fin à la dignité / De sorte que, / Un par un, / Les humiliés de la terre puissent passer.

 

On trouvera une analyse plus détaillée de son oeuvre et de nombreux poèmes traduits sur le site de l'association Espritsnomades

 

 

Le poète Roberto Sosa (1930 - 2011) est l’un des grands poètes d’Amérique Centrale et l’icône de son pays, le Honduras. Son oeuvre est traduite en plusieurs langues, mais seuls deux de ses livres existent en français : «Un monde divisé pour tous » et « Les larmes des choses ».

Roberto SOSA

le poète

Bertha OLIVA

militante des Droits de l'Homme

Bertha Oliva a fondé le COFADEH en 1982. Le COFADEH c'est le Comité de Familiares de Desaparecidos de Honduras, le comité des  Familles  de   Disparus

du Honduras. Car il y a eu des Disparus, au Honduras aussi, et même des centaines de Disparus, au début des années 80, une période funeste de l'histoire du Honduras, au cours de laquelle des centaines de victimes, dont Tomas Nativi, le mari de Bertha Oliva furent « disparues ». Depuis plus de 30 ans, à la tête du COFADEH, dont elle est la coordinatrice générale, Bertha Oliva mène une lutte admirable de ténacité et de courage - il en faut vraiment dans ce pays - contre l'impunité et pour la mémoire des victimes de Disparition forcée. Au journaliste Giorgio Trucchi qui lui demandait si elle n'avait pas peur, elle répondit : « J'ai déjà perdu la peur. Ma force est la vérité. [...] Eux ont le pouvoir des armes et de l'argent. Nous, nous avons la vérité et c'est pour ça qu'ils n'ont pu nous vaincre. »

Mais, depuis le coup d'Etat de 2009, le COFADEH dénonce le retour des escadrons de la mort, qui assassinent à nouveau, particulièrement des femmes et des jeunes, et, parmi eux, des opposants politiques. Cette réactivation des escadrons de la mort est le produit de l'impunité, de la rupture de l'ordre constitutionnel et des dysfonctionnements du système judiciaire qui sert de couverture à ces persécutions. En 2010, elle a reçu des mains du Ministre des Affaires Etrangères des Pays-Bas, le prix Tulipan, que ce pays décerne à une personnalité mondiale des Droits de l'Homme. Plus récemment, le 10 Décembre dernier, à Porto Alegre, Brésil, un jury de journalistes, avocats, juristes, défenseurs des Droits de l'Homme, qui, chaque année, depuis 30 ans, décerne un prix, le « premio Derechos Humanos al periodismo » à la « personnalité des Droits de l'Homme d'Amérique Latine », a choisi de décerner ce prix pour 2013 à Bertha Oliva. En remettant ce prix, Jair Krischke, président de ce Jury et du Mouvement Justice et Droits Humains du Brésil, a déclaré : 'Que son exemple nous impulse et nous aide à ne pas oublier ce qui se passe au Honduras, d'où chaque jour nous parviennent des informations dramatiques, des rapports et des témoignages d'une violence qui ne cesse et que la grande presse ne divulgue pas".

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